souvenirs...

23 août 2005

en rangeant pendant ces derniers jours, j'ai re-découvert des pti trèsors...(photos, pti mots glissé sous la table en cours,...)

et au milieu de tout ça il y avait le brouillon de mon bac blanc de français...

le texte:un extrait de Belle du Seigneur (1968) d'Albert COHEN
au dessus du texte ils avaient mis: dans cet extrait, le personnage principal du roman, Solal, critique le comportement des femmes devant la belle Ariane qu'il cherche à séduire.

pour les courageux qui ont le bouquin et qui veulent se faire chier à chercher (ils disaient pas la page...), ça commence par: "Honte de devoir leur amour à ma beauté, mon écoeurante beauté qui fait battre les paupières des chéries, ma méprisable beauté dont elles me cassent les oreilles depuis mes seize ans."
et ça fini par: "Bref, pour qu'elles tombent en amour il faut qu'elles me sentent tueur virtuel, capable de les protéger. Quoi? Parlez, je vous y autorise.
- Pourquoi n'allez-vous pas dire votre amour à une vielle bossue? "

'tin comme elle le casse sur la fin, je m'en rappelai pas!trop fort!

bon et donc ensuite y'a les questions...

et le travail d'écriture!

imaginez qu'à son tour une femme critique, sur le meme ton, les attentes des hommes dans la relation amoureuse.

et donc j'ai mon brouillon (exact réplique du vrai texte rendu, je ne sais pas faire de brouillon, ça tombe tout cuit chez moi...je fait donc un brouillon pour le souvenir en principe...)

le voici:

Comment osez-vous ainsi courtiser?
Le monde n'est-il pour vous qu'affaire de miroir?Là où d'autres visiteraient la maison, vous ne vous contentez que d'en voir la façade..quand ce n'est la simple image!La seule beauté superficielle vous interesse, sans meme nous être présentés, si vos normes sont respectées, d'éloges vous ne tarirez.Quand comprendrez-vous que la beauté, toute éclatante soit-elle, n'est qu'éphèmère et que tot ou tard le reflet sera terni, le miroir usé: bien dérisoir d'un temps bientot passé.
Quand comprendrez-vous que c'est dans la maison que vous habiterez et non pas sur le paillasson, aussi beau qu'il soit.
Pour vous tout n'est qu'affaire de chiffres, sans cesse recherchant l'équation parfaite de nos courbes.Le 90-60-90 est pour vous ce rêve d'absolu, d'éternité qu'est l'amour, grands mathématiciens de nos vies, recherchant éternellement la limite de cette fonction.
Mais voir la vie en nombre n'est-il pas risqué?Là où une erreur réussirait à vous faire payer une simple baguette de pain au prix d'un kilo d'or!
Voyez comme chaque étés, vers de belles jambes vous vous tournez.Elles, c'est à leur grandeur et à leur finesse que vous les classez!Encore histoire d'ordonner, du plus petit au plus grand!Quelques centimètres de moins et c'est la chute au classement, et je reste seule à attendre...
A attendre que vous messieurs les juges enfin m'accordiez un reclassement pour qu'alors vous soyez interessés, bien que, mais cela importe peu, j'aie toujours été cette même femme.
Et si j'ose avant cela seulement évoquer l'amour, c'est d'un air effrayé qu'on me répondra: "tu t'es bien regardée?non...ton miroir doit etre cassé!A moins qu'il soit déformant...si tu veux, je peux t'en acheter un!"
Et il leur faut tout les critères!A ces casanovas, sauveurs du monde ou de n'importe quoi d'autre, tant que cela fait plaisir à une belle femme.
Qu'aurai dit Tristan face à une Iseult ne respectant pas les critères d'autrefois?
Iseult aurait-elle été moins Iseult?Le filtre n'aurait-il pas fonctionné?
Non!
Et je suis pourtant loin de mettre en doute l'efficacité d'un tel filtre.Iseult n'étant plus au haut du classement, Tristan ne l'aurai simplement pas regardée...
Alors pourquoi, sans cesse, vous me répétez, aussi bien qu'un disque rayé, que ce qui vous touche avant tout se trouve au fond de soi, dans le coeur et dans l'âme?
Horrible est cette beauté, hierarchisée, classée, et tellement monotone car identique en chacuns de vos esprits.Cette beauté qu'est-elle sinon le meilleur moyen de rattacher un si beau sentiment, tellement irréel car si mystérieux, à un monde toujours plus matériel où les rêves disparaissent peu à peu...